CLTCL1, témoin génétique de notre transition alimentaire
Le gène CLTCL1 code pour une protéine appelée clathrine CHC22, impliquée dans le transport intracellulaire du glucose au sein des cellules musculaires et adipeuses.
Deux allèles, deux héritages évolutifs
Ce gène existe sous deux principaux allèles :
- L'allèle ancestral M1316, souvent associé à un profil dit "chasseur-cueilleur".
- L'allèle dérivé V1316, dit "profil agriculteur", apparu il y a environ 550 000 à 50 000 ans, avant l'essor de l'agriculture.
D'un point de vue théorique, une personne homozygote M1316 serait moins bien adaptée à un régime riche en glucides, contrairement à une personne homozygote V1316, plus apte à métaboliser ce type d'alimentation.
Les individus porteurs des deux allèles sont dits hétérozygotes.
Une sélection influencée par nos modes de vie
On observe une augmentation progressive de la fréquence de l'allèle V1316 dans les populations ayant adopté l'agriculture, et donc une consommation accrue de glucides digestibles.
Néanmoins, l'allèle ancestral M1316 reste le plus répandu à l'échelle mondiale, en particulier en Afrique et en Asie, comme en témoigne le graphique ci-dessous.

GLUT4 : la porte d'entrée du glucose
Sur le plan fonctionnel, la protéine CHC22-M1316 est plus performante pour retenir le transporteur de glucose GLUT4 à l'intérieur des cellules.
Cela entraîne une moindre disponibilité de GLUT4 en surface cellulaire, réduisant ainsi l'absorption du glucose sanguin, ce qui favorise une glycémie élevée et peut conduire à une résistance à l'insuline.
En revanche, la protéine CHC22-V1316 séquestre moins efficacement GLUT4, ce qui facilite potentiellement son exposition à la surface cellulaire et améliore la clairance du glucose, notamment chez les individus homozygotes V1316.
Une adaptation utile hier, un risque aujourd'hui ?
Certaines hypothèses suggèrent que le profil M1316 aurait conféré un bénéfice énergétique dans un environnement ancestral à ressources limitées.
Toutefois, dans les sociétés modernes caractérisées par une consommation élevée de glucides, cette même configuration génétique pourrait s'accompagner d'un risque métabolique accru.